Du café des Lloyd’s aux GPS/GPRS, les assureurs permettent de nouveaux usages
S’ils n’ont pas inventé l’assurance maritime – introduite à Londres au XVIIème siècle par les Lombards en marge de leur activité financières – les Lloyd’s ont été les premiers à l’organiser à grande échelle. En 1688, Edward Lloyd ouvre un café en plein cœur du quartier des affaires de la City, et s’efforce d’attirer la clientèle des marchands en leur fournissant des informations sur les déplacements des bateaux de sa majesté, Elisabeth I. Initialement affichées dans son café, ces nouvelles seront publiées dans un quotidien, Lloyd’s list, qui existe encore aujourd’hui : position et destination de tous les navires marchands du monde !
Le café devient le lieu où les marchands s’assurent les uns les autres, puis se crée un marché régulier, puis des bailleurs de fond. Les primes pouvaient atteindre jusqu’à 5 à 20% de la valeur de la cargaison.
Les assureurs ont toujours, par l’accès à l’information et la compréhension des risques, permis le développement de nouvelles activités, engendrant de nouveaux comportements.
En 2005, le secteur de l’assurance est devenu le premier secteur économique au monde avec un volume de primes d’assurance qui dépassait les 3 400 milliards de dollars, grossièrement répartis à 60 % et 40 % entre les activités vie et non-vie. Les encours gérés sont encore plus volumineux – en 2005, ils s’élevaient à 16 600 milliards de dollars pour l’assurance, 20 600 milliards de dollars pour les fonds de pension et 17 800 milliards pour les fonds communs de placement.
Le Centre de Recherche d’Allianz (AZT) bénéficie d’une expertise approfondie de divers secteurs tels que l’énergie, la chimie et l’ingénierie, et développe actuellement une stratégie de développement durable pour le Groupe Allianz, axée sur l’énergie, la protection climatique et les énergies renouvelables. Fort d’un budget s’élevant à 10 millions de dollars (2006), l’AZT est un élément clé du « système de préalerte » d’Allianz pour les risques émergents comme les nanotechnologies et gère quelque 600 contrats de recherche par an.
Le développement durable est considéré par ce secteur comme une opportunité. Les assureurs se sont groupés dans L’assurance durable, Pourquoi et comment les leaders s’engagent, Rapport inaugural du Groupe de travail Assurance du Programme des Nations Unies pour l’Environnement Finance Initiative (UNEP FI) :
En matière de transport, les solutions PAYD – Pay As You Drive - sont de plus en plus proposées : un dispositif télématique de « boîte noire » dans le véhicule du client afin d’enregistrer et de transmettre des données sur la distance, le moment et le lieu de déplacement du véhicule sous forme agrégée pour maintenir la confidentialité des données. L’assureur a calculé les primes pour chaque trajet selon l’heure du jour, le type de route et le kilométrage détaillés sur une facture d’assurance mensuelle.
Portant sur 1 500 conducteurs, l’étude pilote a démontré que les jeunes conducteurs, un groupe à très haut risque, avaient 20 % d’accidents en moins s’ils se voyaient facturés une prime de 1,4 dollar par kilomètre pour l’utilisation de leur véhicule entre 23h00 et 6h00. En résultante, deux produits PAYD ont été lancés en 2006. L’un concerne les jeunes conducteurs qui représentent 45 % des accidents routiers entre 23h00 et 6h00. Le coût de la « boîte noire » se chiffre à 100 dollars mais pourrait générer des économies sur l’assurance de près de 30 % par an. Le second produit concerne les « bons conducteurs », âgés de 24 à 70 ans, qui conduisent moins de 13 000 kilomètres par an sur des routes rapides et à des heures « sûres ». Il est adapté à tous ceux qui n’ont pas besoin d’utiliser leur véhicule aux heures de pointe le matin, dans les zones urbaines. La conduite autoroutière peut s’avérer jusqu’à 10 fois plus sûre que la conduite urbaine à vitesse réduite.
Dans tous les cas, l’accès à de nouvelles informations permettant de mieux estimer les risques ouvre de nouvelles possibilités pour l’assureur et son client, sous réserve de maîtriser les dérives possibles et de rétribuer la majorité des bénéfices au client.
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