Le nouveau Monde 2012 #NM2012 arrive ... il va en surprendre plus d'un
Le colloque NM2012 pour tenter d’esquisser les contours du monde qui vient… A-t-on parler du peer to peer ? Peut être mais à la marge, alors qu’il s’agit pourtant de la partie visible de l’Iceberg. Ce dernier contient en lui-même, ce que certains n’hésitent pas à appeler, une évolution de … l’espèce humaine, une nouvelle forme d’intelligence collective. Or nous pouvons constater que nous avons grand besoin d’intelligence pour résoudre les problèmes, aujourd’hui sans réponses, auxquels nous avons à faire face : santé, environnement, énergie pour tous, et mobilité. BBC News vient de publier un article sur le développement des services, sur le passage à l’économie de la fonctionnalité dans le domaine de l’automobile, annonçant que «The world is moving from car ownership to car usership », concluant que les constructeurs et de nouveaux entrants vont développer des offres correspondantes.
Est-ce que ce sera le « seul » changement ? C’est peu probable, les changements qui s’opèrent sont plus profonds.
Cette transition est en cours. Elle ne se fera pas simplement, pas facilement pour tout le monde, tant nous sommes habitués, structurés, formés autour de la forme actuelle : l’intelligence pyramidale. Nous constatons tous les jours les limites structurelles de cette forme d’organisation. Par exemple des entreprises comme Kodak, mais cela touche toutes les grandes organisations : « face à la difficulté d’innover, les grandes entreprises explorent d’autres stratégies ».
Le peer to peer ouvre de nouvelles possibilités et surtout, il révèle l’appétence de plus en plus de personnes pour fonctionner différemment. Certains sont même ouverts à partager leur voiture, d'autres à produire des connaissances sans recevoir de monnaie rare (euro) uniquement une monnaie de reconnaissance … Mais alors, Le peer to peer clé de voûte pour les économies futures ? Cela ne fait plus aucun doute. Mais malheureusement pour certains, le peer to peer ne se « branchera » pas sur les structures existantes sans rien modifier par ailleurs.
Il est la partie visible d’une évolution majeure de nos modes de fonctionnement, de nos modes d’organisations, de nos capacités à créer, à apprendre, à comprendre, et surtout à apprendre à apprendre, à résoudre des problèmes que les organisations pyramidales ne sont pas capables de résoudre. Il remet alors en question la valeur ajoutée de chacun d’entre nous dans la plupart des processus, en revisitant la fluidité de nos échanges et leurs capacités à être prévisibles. Le NESTA, agence britanique de l’innovation vient de publier un papier sur l’intelligence collective, forcément en mode Draft à compléter.
« Au cours des dernières années il y a eu un intérêt croissant pour l'Intelligence Collective: comment les groupes, organisations, sociétés ou les nations réussissent à mobiliser leur intelligence, à créer de nouvelles opportunités, à tirer le meilleur de ceux qui est déjà là, et d'éviter les menaces. Plusieurs technologies et modèles d'organisation liés à cela suscitent un intérêt énorme. Ils comprennent:
· La cartographie et l’exploitation des données,
· Crowd-sourcing, l’engagement de l'utilisateur, dans la conception, les décisions et la production,
· La recherche collaborative et l'innovation ouverte
· La participation massive
· Les serious games, les simulations et les mondes virtuels
L’intelligence collective et les moyens pour y parvenir sont d'une grande pertinence pour les débats contemporains sur l'innovation: quand la quantité de connaissance augmente et les champs se spécialisent, un plus grand rôle est joué par les équipes et les réseaux plutôt que des individus isolés. L’invention et innovation vont de plus en plus se produire au niveau des frontières entre les gens et les disciplines… »
L’institut de Recherche en Intelligence Collective (IRIC) nous apporte également de nombreux éléments de compréhension sur l’intelligence collective (IC) et détaillant le concept essentiel d’holoptisme (voir également un guide .pdf):
« L’holoptisme est la vision qu’un individu a du collectif en tant qu’entité unifiée et cohérente. L’holoptisme est une propriété naturelle dans les petits groupes : chaque acteur peut pleinement décider de ses actions car il possède cette connaissance immédiate et sans cesse actualisée du tout. C’est ce qui lui procure une capacité d’action qui ne repose pas sur l’obéissance à une chaîne de commandement en aveugle, mais sur une perception directe qui va alors déclencher des actions issues de la souveraineté personnelle et construites avec le contexte extérieur. Une équipe de sport, un groupe de jazz en sont des exemples connus. Leur potentiel tient autant à la qualité technique des joueurs que leur capacité à se représenter ce tout émergent du collectif. L’holoptisme n’a été possible qu’à petite échelle, et lorsque les acteurs sont en proximité sensorielle les uns des autres, en contexte d’intelligence collective originelle. […]
L’intelligence collective holomidale rétablit cette propriété d’holoptisme, à grande échelle, au travers du socialware. La recherche consiste à explorer et développer des environnements qui permettent l’holoptisme à grande échelle et en distance. L’IC holomidale ne se réduit pas à échanger des idées sur le Net, ni à créer de nouvelles connexions dans les réseaux sociaux ou organiser une manifestation de dernière minute.
L’IC holomidale est la signature du prochain tissu social où les collectifs sont capables de synchroniser des actions complexes et d’engager des projets complexes sans retomber dans les limitations de l’IC pyramidale et ses chaînes de commandement descendantes. Les entités sociales de l’IC holomidale semblent posséder la capacité de conscience réflexive, d’auto-gouvernance, d’auto-actualisation, d’auto-évolution, d’avoir une conscience d’eux-mêmes, et dans lesquels chacun des acteurs a un accès instantané au tout émergent, qui apparaît comme une entité autonome.
Donner à tous les acteurs, particuliers, marchands, opérateurs, la vision holoptique du système permet à chacun de se situer et de prendre des décisions informées et avisées.»
Cette thématique est également travaillée au MIT et au Canada (Université d’Ottawa). Comme l’indique Michel Serres, notre espèce évolue, nous allons accéder à de nouvelles formes de conscience et d’actions rendues possibles par l’émergence de réseaux qui peuvent se coordonner et agir.
Ainsi à l’invention de l’imprimerie, les premiers livres et bibliothèques étaient accusés de faire perdre la mémoire. Ceci était vrai, mais nous avons accédé à un niveau supérieur : des champs de connaissances élargis. Comme l’indique Michel Serres (vidéo exceptionnelle à voir ici), nous poursuivons l’externalisation de nos fonctions cognitives, dont nous pensions qu’elles nous caractérisaient. En ce sens, les technologies de l’information participent à ce darwinisme devenu externe, cet « exo-darwinisme » pour reprendre M.Serres. Depuis toujours donc nous perdons (au sens de fuire) pour gagner de nouvelles capacités, dont certaines restent à découvrir.
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