L'€, est-ce la meilleure monnaie pour les futures (potentielles) indemnités vélo ?
Plusieurs amendements au PLFSS 2013 proposant des mesures pour inciter les entreprises à développer l'utilisation de vélos par leurs salariés ont été adoptés le 13 novembre au Sénat. Une des mesures est une extension du régime des indemnités kilométriques aux vélos. L'employeur pourra ainsi prendre en charge, dans les conditions prévues à l'article L. 3261-4 du code du travail [relatif à la prise en charge des frais de transport des salariés] tout ou partie des frais engagés par ses salariés se déplaçant à vélo entre leur résidence habituelle et leur lieu de travail, sous la forme d'une indemnité kilométrique vélo, dont le montant sera fixé par décret. Le bénéfice de cette prise en charge pourra se cumuler avec celle prévue dans le cadre de la prime transport, sous certaines conditions.
Comme en Belgique aurjoud'hui, il devient possible que la pratique du vélo soit encouragée par la mise en place de ces indemnités. Si il est clair qu'il s'agirait là d'une avancée majeure, est ce que l'euro est la meilleure monnaie ? au niveau individuel et collectif ?
Pour tenter d'apporter quelques éléments, revoyons quelques éléments indiqués dans le livre de la FING De l'innovation monétaire aux monnaies de l'innovation, déjà abordé dans ce blog. Ce sont des outils d’innovation sociale qui influencent les comportements et la société dans laquelle nous vivons. Elles favorisent certaines activités et échanges : l’économie locale, le lien social, l’éducation, la culture, l’emploi, l’environnement, la reconnaissance dans les réseaux sociaux, etc. Elles sont, et seront encore plus demain, de véritables catalyseurs d'innovations si elles sont bien conçues, bien adaptées aux produits/services développés. Elles permettront, notamment, aux acteurs économiques de tisser des relations de confiance avec des consommateurs plus fidèles, de concevoir des produits/services répondant parfaitement aux besoins clairement identifiés. La monnaie, entre autre, apporte un supplément en matière d'intelligence collective: l'holoptisme. Elle permet ainsi de rendre visible l'émergence du groupe, de l'intérêt commun.
Le numérique nomade offre des possibilités inédites pour mieux organiser nos échanges, pour leur donner un sens nouveau. La monnaie devient un nouveau support pour cela. Elle peut désormais incarner le collectif (dans cet exemple, les cyclistes), leur faire partager une vision commune. Certaines sociétés, comme Walmart, ont déjà créé des monnaies de fidélisation leur permettant en rémunérant le client d'accéder à des données et des connaissances sur leurs goûts, leurs préférences.
Quelle(s) monnaie(s) pour indemniser les cyclistes ?
Il faut pour cela, répondre à la question : quelles sont les valeurs communes ? quel futur commun veulent-ils construire ?
La mise en oeuvre d'une monnaie spécifique décidée et pilotée par les cyclistes leur permettrait :
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de mieux se connaître collectivement, de capitaliser leurs pratiques, d'être visibles,
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de décider ensemble de l'avenir du vélo,
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d'éviter des effets rebonds : que ferez vous des 200 € versés par an individuellement ? quels seront les impacts environnementaux générés par l'usage de ces 200 € ? Avec une monnaie spécifique, elle ne pourrait être utilisée qu'en direction de pratique vertueuse collectivement et individuellement.
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d'avoir un rôle collectif supérieur à la somme des individus : et si une partie de ces indemnités était mutualisée dans un fond ?
Les monnaies permettent d'agir à 3 niveaux : compréhension des usages et des flux, effet amplificateur du collectif (je ne suis pas seul, j'appartiens à un collectif, plus je gagne plus le collectif gagne et inversement), et création d'un futur partagé.
Déjà aujourd'hui des structures travaillent pour développer des outils numériques pour que chacun puisse créer des monnaies. Il y a 20 ans, vous pensiez que chacun pourrait créer un blog ?
Quelques pistes : des kg de légumes bio, des km en covoiturage/autopartage (il faut aussi créer cette monnaie), en soleillos (la monnaie de Gotoo), des tickets de bus, des arbres plantés, des ... A l'horizon 2030, avec des hypothèses de part modale du vélo de 10% en ville et 6% en périurbain/rural, cela représente 36 milliards de véh.km, soit 7 Md€ au niveau national. En mutualisant une partie dans un fond commun, les cyclistes pourraient engager certaines actions ...
Je suis sûr que vous avez des idées ... (en mode commentaire ou sur twitter @tdf__ademe)
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