Rappel massif de véhicule, des erreurs ou une chance?
En 2014, les constructeurs vont rappeler aux USA l'équivalent du parc automobile français, près de 30 millions de voiture (lire l'article source). Soit un véhicule sur dix. Ce n'est plus un détail, c'est un phénomène structurant de cette industrie. Les liens entre constructeurs, entre équipementiers, entre constructeurs et équipementiers font que les composants des uns et des autres se mêlent. Un incident chez l'un a des conséquences chez plusieurs. Personne ne peut prévoir, ni garantir, qu'aucun rappel ne sera fait sur ses véhicules.
Jusqu'à présent, il s'agit d'erreurs de conception, de validation ou de montage qui conduisent à ces rappels. En théorie, l'automobile est conçue pour ne pas "revenir" et être uniquement entretenue, d'autant que certaines pannes ont des conséquences majeures. Et si, à l'inverse, ces rappels étaient une opportunité pour mettre à jour des logiciels, des composants, voire même faire évoluer certaines fonctions pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs. Et si la "version béta" était l'avenir de l'automobile ?
L'industrialisation d'un véhicule conduit à "geler" des choix pour plusieurs années, et donc forcément à faire un mauvais choix. De la même façon, l'achat d'un véhicule fait l'enveloppe des besoins actuels et des hypothétiques besoins du futur. Et si un nouvel écosystème d'acteurs (constructeur, réparateur, micro-usine délocalisée, designer, ...) proposait un véhicule et une palette d'évolution possible. Dans un monde imprévisible, n'est pas nécessaire (lire l'article sur la ville fractale)? Cette dynamique existe, elle vient du monde des hackers, des bricoleurs, des makers; elle s'appuie sur une conception très différente de la propriété intellectuelle, des liences, de la production d'objets et de connaissances et finalement du monde qui vient.
Un monde plastique
Imprévisible, chaotique, non linéaire, telles deviennent nos parcours, nos vies, notre monde. La plasticité inhérent au numérique arrive dans le monde des objets physiques. Plasticité dans la conception, pour concevoir de façon décentralisée, en grand nombre, pour itérer sur des maquettes numériques 2D, puis 3D, puis immersives. Figer le plus tard possible la "meilleure" conception. Puis lancer la production. Il est question maintenant d'apporter la plasticité dans la production, dans leur capacité à évoluer, à les mettre à jour. Plasticité dans la réparabilité, dans la bricolabilité, dans le recyclage et le ré-usage. Plusieurs courants sont déjà à l'oeuvre :
- Local Motor, propose en Open source de concevoir des véhicules (moto et auto), puis de les produire dans des micro-factory. Il s'agit ici de cibler des niches, de concevoir et de produire par les clients. Ces véhicules sont, par nature évolutifs et paramétrables. Que donnerait Local Motor pour des véhicules urbains ?
- OS Vehicle propose également en Open source de concevoir et de monter soi-même un véhicule électrique, thermique ou hybride. La cible est ici le véhicule simple et basique. Un article détaille le potentiel de cette solution : Brevets, open source et innovations. Là encore, la bricolabilité est très élevée ...
- Mobius, identifié grâce à François Bellanger de Transit City, qui cible le 4x4 robuste pour le tout-terrain (le vrai).
- Et bien sûr, le principal courant : celui de l'artisant. Là encore ce point est particulièrement travaillé par François Bellanger. L'Afrique et sa capacité à ré-utiliser montre des exemples saisissants :
Ces possibles et ces ressources potentielles (micro-usine, plateforme numérique de co-conception, fablab, mais également des tutoriels et des MOOC pour améliorer les compétences par la pratique...) peuvent ré-interroger les processus de conception, diffusion, commercialisation et bien sûr réparation de l'automobile.
L'automobile évolutive à durée de vie infinie
Que deviendrait une offre de véhicule conçue dès le départ pour évoluer, avec un réseau de ressources distribuées, avec des tutoriels et des MOOC, et une plateforme numérique permettant de partager des plans, des guides, des expériences, des ...
La structure invisible de l'automobile, la plateforme, pourrait servir de base aux évolutions de style ou des accessoires eux aussi modifiables (lire l'article 4H défense). Les logiciels du véhicule seraient simplement mis à jour à chaque passage chez un partenaire homologué, en même temps que les organes défaillants sources de rappel.
Et si certains garagistes devenaient des ressources de formation, des experts pour faire évoluer les véhicules en fonction de vos nouveaux besoins de mobilités, capables également d'homologuer des évolutions de version de façon décentralisée ?
Et si OS Vehicle et Amazon Supply préfiguraient l'avenir de la mobilité quotidienne ?
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