Si tu vas à Rio…N’oublie pas Waze, Moov’it et Strava…
[source : article Forbes]
Rio bricole et innove. Avec des éléments existants en les manipulant et utilisant différemment, Rio déploie un nouveau dispositif de gestion des mobilités urbaines. La collectivité utilise plusieurs applications mondiales : Waze pour les voitures (plusieurs articles déjà écrits sur Waze, dont son rachat par Google), Moov’it pour les transports en commun et Strava pour le vélo. Elle explore ainsi de nouvelles relations avec les usagers, les coordonne à la fois pour accéder à des données, créer des connaissances et également informer. Les smartphones deviennent, comme prévus (lire la MétaNote N°10), des capteurs de nos mobilités, totalement distribués, capables de contextualiser et de recevoir. Le dispositif est simple, pas cher, réplicable, scalable. Rio fonctionnerait-elle comme une start-up ? Va-t-elle exporter et commercialiser ce bricolage ? Il mixe le crowdsourcing, le "pair à Acteur privé à pair", le "pair à autorité à pair" et le pair à pair. Il s’agit d’une nouvelle forme de relation entre l’autorité, les exploitants et les usagers.
Et probablement bientôt un nouveau contrat social.
Le projet Mobi-lise actuellement en cours, initié et soutenu par l’ADEME, développe un prototype fonctionnel à échelle 1 en Champagne Ardenne, selon une philosophie assez proche.
Individuellement, ces applications sont déjà particulièrement efficaces et utilisées. Des partenariats existent comme à Bordeaux entre Keolis et Moov’it. Mais à Rio, nous sommes à l’étape suivante : le process est « industriel », multi-directionnel et orienté vers le quotidien des citoyens pour améliorer leur mobilité :
- L’information vient du citoyen en mouvement via son smartphone, mais également de l’autorité vers tous les citoyens pour les informer des incidents (l’autorité jouant ici le rôle de relais),
- Mais Waze reçoit aussi en « échange » des données fournies, les informations temps réel des capteurs, des caméras fournies par la collectivité pour à son tour mieux informer les utilisateurs de Waze.
La donnée, en tant que telle, devient la monnaie d’échanges de ce partenariat inédit au monde. La Floride vient également de nouer un partenariat avec Waze (lien vers l'article).
" On an average day in June, Rio’s transport planners could get an aggregated view of 110,000 drivers (half a million over the course of the month), and see nearly 60,000 incidents being reported each day – everything from built-up traffic, to hazards on the road, Waze says [...] Waze has been sharing user data with Rio since summer 2013 and it just signed up the State of Florida. It says more departments of transport are in the pipeline [...] But none of these partnerships are making Waze any money. The app’s currency of choice is data. “It’s a two-way street,” says Mossler. “Literally.”
Moov’it, qui a 6.5 millions d’utilisateurs propose la même approche de façon plus ouverte et affiche 5 à 6 villes partenaires. Pour avoir accès aux données, les collectivités utilisent une interface web leur indiquant les données agrégées des piétons et usagers utilisant les transports collectifs et en échange, Moov’it récupère les données temps réel des bus, trains et autres modes collectifs en interdisant toutes mentions commerciales.
Pour les cyclistes, les collectivités payent Strava 80 cents par cycliste tracé par an, de façon anonyme, et déjà plusieurs collectivités comme partenaires : state of Oregon, London, Glasgow, Queensland, Evanston, Illinois.
Ainsi tous les modes sont couverts avec une finesse et profondeur et des connaissances inédites sont créées. Des nouvelles interfaces pour mieux observer et comprendre seront mises en œuvre, les données temps réel seront « historisées » pour construire des modèles prédictifs (beaucoup) plus précis car hypercontextualisés. L'autorité créant ces nouvelles connaissances pourra améliorer sa gestion dynamique et prédictive des flux urbains, comme cela était esquissé dans cet article rédigé en 2011 : l'apport du numérique pour l'autorité.
Et déjà des idées pour optimiser, amener à faire autrement et recompenser : « Waze could eventually become a conduit to incentivizing drivers to leave 30 minutes earlier to help keep the roads clearer, or assign drivers into car-pooling groups who could, in return, get gas credit from their local municipality.”
L’étape suivante pourrait déjà s’écrire…
Soit les différents rôles restent à l’identique et les usagers ne sont que des capteurs de données sollicités pour changer de comportement selon des règles / algorithmes décidés par d’autres.
Soit des associations d’usagers se coordonnent pour prendre part au dispositif : l’anonymat est-il réel et irréversible ? quelles règles d’effacement sont proposées ? quelles récompenses et donc quelles contraintes ? Quelles formes de gouvernance pourraient s’expérimenter et s’appuyer sur ces nouvelles ressources ?
Et si Rio était à la frontière de l'innovation ?
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