Uber, jusqu’où allez-vous aller M.Kalanick ?
Cet été, Uber vient de passer une étape majeure. Valorisé à plus de 3 milliards de dollars, lié à Google par sa dernière lever de fond, Uber appartient à la classe des start-up mondiales. Réliée à la multitude par des interfaces séduisantes pour proposer un véhicule avec chauffeur dans plusieurs villes, Uber et son CEO M.Kalanick, se livrent à la fois à un marathon et des sprints, sur plusieurs services, dans plusieurs pays. Uber vient d’ouvrir sa plateforme via des API, pour satisfaire les besoins de la multitude.
Ce saut discret lui ouvre maintenant des possibilités de services sans limite.
Uber (chauffeur pro avec un véhicule de société), UberX (chauffeur pro avec son véhicule), UberPop (entre particuliers), UberPool (voiture avec chauffeur partagée) et récemment UberFresh (livraison de repas), M.Kalanick indique vouloir et pouvoir gérer finalement tous les flux urbains, une véritable Uberisation. En mettant à disposition des Interfaces de Programmation (API), Uber permet maintenant à d’autres acteurs marchands d’utiliser une partie des données de sa plateforme et vice-versa. De fortes synergies naissent donc aujourd’hui : Uber et Tesla, Uber et Starbuck, Uber et Tripadvisor, Uber et United Airlines, Uber et GoogleMap, Uber et Facebook, Uber et … Et si Amazon et Google avec leurs offres Fresh passaient désormais par Uber ?
Les objectif sont toujours les mêmes : mieux se relier à la multitude, améliorer le quotidien des usagers en simplifiant et fournir des nouveaux services en itérant. Et plus Uber s’imbriquera avec d’autres acteurs marchands, plus sa position et ses services domineront. Après Facebook pour les amis, Linkedin pour les relations pro, Uber pourrait devenir LA plateforme (lire l’article Les Plateformes vont dominer) mondiale des flux urbains : Votre note au restaurant intégrera le prix de la course, des réductions croisées, et finalement vous n’irez plus au restaurant, au cinéma, en voyage de la même façon, chez vos amis, faire vos courses, vous faire livrer ou prendre votre avion … La liste ne pourra que s’allonger, vite, quels liens seront tissés, quelles positions auront les acteurs français ?
Déjà aujourd’hui, Uber et ses offres de mobilité exploitent les données produites par la multitude pour s’améliorer et prédire à l’avance les flux, pour comprendre l’usager dans toute sa complexité. Les usagers « premium » multi-villes d’Uber émergent, les données leur apportent une réalité. Imaginez les services qui iront avec cette nouvelle culture.
En ouvrant sa plateforme, Uber fera naître de nouvelles données extrêmement riches sur vos pratiques de mobilité et de loisirs, de sorties, en conservant leur complexité (le mot complexus vient de « tisser ensemble »). Fondés sur ces nouvelles connaissances, de futurs nouveaux services naîtront, hypercontextualisés et individualisés, inimaginables aujourd’hui, industrialisés à très grande vitesse par M.Kalanick. Les pays ou les villes qui règlementent pour interdire Uber observent un effet inverse, une plus grande attirance vers Uber comme récemment en Allemagne avec UberPop. La pression de la multitude va accélérer les évolutions réglementaires ou législatives.
Le temps est désormais compté. Seuls quelques acteurs peuvent lutter contre Uber. Avoir une vision mondiale, être structurellement entraîné à courir vite et longtemps, ne pas avoir de modèle d’affaire statique, être déjà relié à la multitude. Blablacar si la mobilité quotidienne est ajoutée dans la stratégie, Moovel (c'est-à-dire Daimler qui vient de racheter Ridescout et Mytaxi) si cette structure reste séparée de Daimler, peut être la SNCF si une entité séparée du groupe rassemblant le numérique et les services non ferroviaire émerge et reste séparée.
Puis Uber sera un des premiers à exploiter la chimère (lire la MétaNote N°20 sur la voiture autonome, la chimère), comme toute autre technique permettant d’améliorer la gestion des flux quotidiens. A moins que les citoyens n'acceptent plus l'équilibre proposé par cette société privée : métadonnées individuelles, riches et contextualisées contre des services ? et que naissent de nouvelles plateformes ?
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