Pour une approche culturelle de la mobilité numérique
Le numérique change nos vies. Il influence, notamment, nos façons de nous déplacer, d'appréhender les territoires. Le monde virtuel limité, il y a peu, à la connaissance, s'étend dans tous les domaines. Il arrive dans les objets en leur reliant entre eux avec le tout. Le "tissage", déjà abordé dans plusieurs articles précédents (l'exemple d'Ingress, le logiciel), entre l'objet et le logiciel, se poursuit construisant un monde nouveau avec de nouvelles règles, de nouveaux modèles d'affaires. Déjà, plusieurs entreprises ont investi ces territoires vierges, elles y inventent -seules- leur loi, leur vision du monde.
Pour penser ces territoires "virtuels", il n'y a pas d'autres moyens que d'y aller vraiment, de les vivre, de les explorer. Nous n'allons plus sur internet, nous sommes soit dedans, soit dehors, soit connecté, soit déconnecté. Comprendre les mouvements actuels et penser l'avenir, nécessite alors une approche culturelle. En effet, le vocabulaire que nous utilisons pour en parler est bien pauvre. Ce monde virtuel est bien réel pour ceux qui le pratique. Comment y expliciter les nouveaux concepts sans aide philosophique ?
Michel Serres, dans cette émission de France Culture, nous aide en apportant un regard précieux issu de notre Histoire. Il avait dès les années 1960 décrit ce que nous sommes en train de vivre. Après l'invention de l'écriture puis de l'imprimerie, le monde numérique est bien la 3ème évolution de notre espèce. Et comme Socrate (tradition orale) ne comprenait pas Platon (passage à l'écrit), Montaigne n'était pas compris avec sa "tête bien faite plutôt que bien pleine". Les usages des technologies numériques et des smartphones, et les modes de vies qu'ils engendrent, sont tout aussi incompris par ceux qui ne les utilisent pas. La tête de Montaigne change, elle devient bien faite, mais en plus elle s'externalise en dehors de notre corps. Quels seront les bénéfices ?
La philosophie est alors cruciale. Stéphane Vial dans sa thèse "La structure de la révolution numérique : philosophie de la technologie" nous indique qu'il s'agit bien d'une révolution ontophanique, c’est-à-dire un ébranlement des structures de la perception et du processus par lequel l’être nous apparaît. Il devient alors urgent que toutes les structures, dont les entreprises issues de Prométhée (aujourd'hui dépassé par Hermès nous dirait M.Serres) comme celles de l'automobile, s'engagent totalement dans ces territoires pour y percevoir de nouvelles formes de liens sociaux. Elles n'ont pas d'autres choix que de le vivre, elles ne pourront pas l'étudier de "l'extérieur". Des chercheurs créent alors des disciplines comme l'Intelligence Collective dans le Cyberespace.
S.Vial nous propose onze caractéristiques fondamentales pour décrire l'ontophanie numérique : la nouménalité (que l'on peut percevoir sans être capable de le décrire ni de l'expérimenter totalement), l’idéalité, l’interactivité, la virtualité, la versatilité, la réticularité (capacité à fonctionner en réseau), la reproductibilité instantanée, la réversibilité, la destructibilité, la fluidité et la ludogénéité (capacité à être expérimenter par le jeu). Et il indique que "le rôle du design, comme activité phénoménotechnique qui façonne le monde, est défini comme essentiel dans la constitution créative de l’ontophanie numérique".
Nous utilisons toujours la communication orale, l'écrit ne l'a pas supprimée. Le numérique ne va pas supprimer l'écrit et l'oral. De même, le numérique -Hermès- ne va pas supprimer les industries de la transformation -Prométhée, il va par contre les modifier et sans doute les dominer.
Le pauvre Finkielkraut se fait massacrer tellement il ne comprend rien au nouveau monde
D'un côté il y a l'intelligence, la vivacité, l'ouverture au monde - Michel serres,
De l'autre la France rancie, étroite, vieillie, usée, pour qui toute nouveauté est une menace - Finkielkraut - qui ne supporte aps que d'autres que lui prennent la parole.
Je le savais réac, ultra-sioniste, raciste ... mais pas à ce point étroit d'esprit.
Rédigé par : François BELLANGER | 12/12/2012 à 12:17