De nombreux articles ont été rédigés sur le sujet du téléphone portable dans les transports et la mobilité (voir ici pour ce blog). Des applications dédiées sont disponibles, d'autres se développent, réalisant progressivement un puissant assistant personnel de mobilité. Quel rôle va jouer ce nouvel objet ? Quelles capacités ce nouvel assistant personnel de mobilité va nous permettre de développer ? Est ce vraiment indispensable ?
Depuis la première peau, le premier lanceur, ou le premier silex, la recherche et la création d’outils est une activité structurante des sociétés humaines. Notre corps se complète de ces prothèses pour améliorer ses performances, ou réaliser de nouvelles, puis tout simplement pour vivre dans un monde « trop » complexe. En même temps, nous perdons des capacités pour en acquérir de nouvelles. Ainsi à l’invention de l’imprimerie, les premiers livres et bibliothèques étaient accusés de faire perdre la mémoire. Ceci était vrai, mais nous avons accédé à un niveau supérieur : champs de connaissance élargi. Comme l’indique Michel Serres (vidéo exceptionnelle à voir ici), nous poursuivons l’externalisation de nos fonctions cognitives, dont nous pensions qu’elles nous caractérisaient. En ce sens, les technologies de l’information participent à ce darwinisme devenu externe, cet « exo-darwinisme » pour reprendre M.Serres. Depuis toujours donc nous perdons (au sens de fuire) pour gagner de nouvelles capacités, dont certaines restent à découvrir.
Aujourd’hui, l’automobile peut être considérée, pour certains, comme notre prolongement, pouvant conduire aux pires des comportements. Prolongement de notre salon, de nos jambes, de notre corps. « Je suis garé là bas », traduit bien cette identification. Non vous n’êtes pas garé, votre voiture l’est. La voiture et sa clé permettent à l’individu de se projeter loin, vite, à tout moment. Outil complexe, simple à utiliser, permettant de simplifier des situations, elles aussi complexes. Le vélo à assistance électrique pourrait être une des meilleures prothèses (voir ici).
Mais la complexité de nos vies va continuer de s’accroître. La clé ne permettra plus, à elle seule, de réussir à se déplacer. Déjà aujourd’hui, le GPS, par exemple, a connu un essor sans précédent, s’imposant comme accessoire indispensable. Le réseau routier, le trafic temps réel doivent maintenant être intégrés à la machine. La clé de la voiture doit devenir plus intelligente pour gérer des situations et des missions plus complexes. Le GPS intégrant le trafic temps réel devient aussi important que le véhicule ou l’énergie dans le réservoir. Ce n’est que le commencement, arrivera le moment où la voiture, si elle reste un objet « déconnecté », deviendra un frein à la mobilité.