Vélo et covoiturage, comment augmenter l'engagement des citoyens ?
Les futures (potentielles) indemnités kilométriques pour les cyclistes domicile-travail joueront un rôle dans la part modale du vélo. L'acte d'engagement individuel est conditionné, en partie et pour certains, pour l'accès à cette forme de richesse, l'euro. Cette indemnité sera également une reconnaissance collective pour cette action individuelle. Mais pour autant, est ce la seule récompense imaginable ? est ce la plus puissante ? Quelles sont les richesses à mettre en oeuvre pour engager massivement et sur le long terme de nouvelles pratiques de mobilité, dont le vélo mais également le covoiturage ?
Le développement et l'utilisation d'autres richesses (lire l'article : Dans vos projets, vos organisations, quelles sont vos vraies richesses ?) pourrait se révéler un outil puissant. Jean-Michel CORNU de la FING a notamment rédigé un guide sur les monnaies de l'innovation. Le numérique réduit ici les barrières pour gérer d'autres monnaies et pour les concevoir dans le but de changer les usages. Un des points clés des monnaies libres communautaires est de fédérer le collectif en lui donnant une réprésentation de ces échanges et également de limiter les effets rebonds en "contenant" la monnaie dans la communauté ou des "communautés d'intérêts".
Prenons l'exemple des indemnités kilométriques vélo, que feront les cyclistes des 200-300 euros versés par an ? Un voyage en avion ou des légumes cultivés à coté de chez eux ? L'utilisation de l'euro peut conduire à des bilans contreproductifs liés à l'effet rebond. Si l'indemnité est réalisée avec une autre monnaie "communautaire", cette dernière peut inclure de nouvelles règles spécifiques comme des limites géographiques ou des limites sur les produits/services qui ne conduieront pas à des effets rebonds (lire l'article "L'euro, est-ce la meilleure monnaie pour les futures indemnités vélo ?"). La mise en oeuvre de ces nouvelles règles contient également de nombreuses innovations. Ceci s'applique également au covoiturage.
Une autre possibilité (complémentaire) pourrait être de verser partiellement les indemnités dans un fond financier. Ce fond pourrait être dédié aux investissements pour les infrastructures dédiées au vélo ou au covoiturage. Alimenté directement d'une part en projets précis d'investissements (tels tronçons de pistes cyclables, tels parking pour le covoiturage) et d'autre part avec un prélèvement (10% par exemple) des indemnités versés aux cyclistes, ce fond pourrait également être abondé par des entreprises, ou encore être adossé à une fondation pour permettre des réductions fiscales. En raccourcissant les processus de décision, en donnant une plus grande visibilité aux flux, le fond peut permettre d'accélérer les engagements citoyens.
Ces deux approches (monnaie spécifique, fond dédié) ont pour objectifs d'augmenter la visibilité de chaque communauté, de réduire et de simplifier les structures de décision au plus près des acteurs, d'améliorer la synchronisation des acteurs impliqués, et ainsi permettre à chacun d'améliorer sa prise de décision, donc son engagement. Ceci rejoint la notion d'holoptisme (lire l'article : Quelles sont les 5 innovations qui peuvent changer les comportements ?) : vision simultanée de soi et du collectif.
Dans votre communauté d'intérêt, quel serait le design de vos monnaies ? comment les mettrez vous en oeuvre ? Quels dispositifs pour gérer les flux et augmenter massivement l'engagement ?
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