Quel est l'objet lien de votre projet : la peur, la proie ou l'Art ?
La description d’un projet « innovant » est toujours révélatrice des dynamiques mises en œuvre par les partenaires, et en général des finalités réelles de cette innovation. Est-ce que le projet est engagé en réaction à des projets concurrents réels ou supposés ? ou encore pour éviter que d’autres ne le fassent avant vous ? ou bien pour améliorer une version précédente ? pour répondre à de nouvelles normes ? Dans ces cas-là, ce qui fédère ce collectif est la peur : de perdre un marché ou une rente. Dans le domaine de l’intelligence collective, cet « agent » fédérateur s’appelle « l’objet lien ». L'action de chacun des membres se construit autour et/ou avec "un objet commun" (physique ou symbolique) qui va servir de catalyseur et de support pendant le projet. La peur est un objet lien bien connu, souvent utilisé, mais conduisant à de très faibles innovations de rupture.
Il existe deux autres objets liens pour rassembler des collectifs. Le second est la nomination d’une cible connue et partagée, comme une proie que l’on chasse. Ce processus est généralement utilisé pour des démarches d’acquisition d’entreprise, ou encore des cartels qui verrouillent un marché. Le troisième nous intéresse plus particulièrement car il met en œuvre des dynamiques très différentes, il s’agit de l’Art. Cet objet lien vise à fédérer les acteurs d’un projet autour du rêve d’humanité qu’il génère. Les dynamiques mises en œuvre et les capacités d’innovation sont d’un autre niveau puisque les partenaires ne sont pas en réaction, mais uniquement en création. Tous les sens du collectif peuvent être utilisés, toutes les richesses peuvent être identifiées et engagées dans l’action. L’objectif de ce type de projet s’exprime très différemment, sur le fond et sur la forme, que les deux précédents. Les produits/services qui en découlent sont en général totalement nouveaux, et compatibles avec les dynamiques déjà abordées sur ce blog : incarner des rêves et des objectifs de changement ambitieux, anticiper les mutations des frontières producteur/consommateur, s’engager sans tarder vers la transparence totale sur le produit et leurs impacts pour tous les acteurs, identifier les leaders d’opinion et les créateurs externes pour les impliquer en les récompensant.
Il n’est pas étonnant si Steve Jobs indique : « La technologie seule n’est pas suffisante. C’est quand la technologie épouse les arts libéraux et les humanités qu’elle parvient à faire chanter nos cœurs ».
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