MétaNote 22, L'avenir de l'assurance (auto)mobile
Autorité, étymologiquement "savoir augmenté". Depuis son origine, les assureurs gèrent des "informations" précises, contextualisées pour comprendre les risques, garantir et finalement permettre de nouvelles activités. Par la connaissance des pratiques et des risques, ils augmentent le savoir dans de nombreuses activités. Ce faisant, ils acquièrent une Autorité.
L’assurance maritime – introduite à Londres au XVIIème siècle par les Lombards en marge de leur activité financières – les Lloyd’s ont été les premiers à l’organiser à grande échelle. En 1688, Edward Lloyd ouvre un café en plein cœur du quartier des affaires de la City, et s’efforce d’attirer la clientèle des marchands en leur fournissant des informations sur les déplacements des bateaux de sa majesté, Elisabeth I. Initialement affichées dans son café, ces nouvelles seront publiées dans un quotidien, Lloyd’s list, qui existe encore aujourd’hui : position et destination de tous les navires marchands du monde !
Le café devient le lieu où les marchands s’assurent les uns les autres, puis se crée un marché régulier, puis des bailleurs de fond. Les primes pouvaient atteindre jusqu’à 5 à 20% de la valeur de la cargaison. Lire la suite ... Du café des Lloyd’s aux GPS/GPRS, les assureurs permettent de nouveaux usages
Les assureurs ont toujours, par l’accès à l’information et la compréhension des risques, permis le développement de nouvelles activités, engendrant de nouveaux comportements. Coyote, boitier Pair à Pair créateur d'informations participatif, arrive dans l'assurance avec Allianz, valorisant ainsi sa plateforme. De nombreux assureurs proposent des solutions "Pay As You Drive" (lire cet article MétaNote 3 - La surveillance Reloaded) soit par des boitiers, soit par des applications sur Smartphone, étendant leur métier avec des outils numériques. Plus récemment, Google propose un comparateur d'assurance pour l'automobile tout en étant déjà capable de vendre des assurances dans 26 états. Et si, encore une fois, l'assurance évoluait et permettait de nouveaux usages de l'automobile ? de nouvelles mobilités ? de nouvelles connaissances sur nos pratiques ?
Les Barbares attaquent l'assurance
Le secteur de l'assurance, comme les autres, est en train de se transformer par le numérique. Certains acteurs ajoutent du numérique à leur métier historique (lire l'article la numérisation de l'automobile), d'autres voient une nouvelle gestion des risques et des informations contextualisées à l'ère du numérique. L'histoire récente, le dilemne de l'innovateur nous indique déjà les gagnants.
Après une première histoire fermée et propriétaire, l'automobile devient productrice de données (lire cet article sur la voiture connectée). En s'ouvrant, elle facilite l'arrivée des jeunes acteurs du numérique avec notamment, des Operating System (OS) dédiés, des applications facilitant l'expérience comme Waze. Ces acteurs n'ont pas vocation à conserver un modèle d'affaire mais à mettre en oeuvre de nouvelles expériences et à tisser des liens quotidiens avec la multitude (lire cet article Goole Mobility). S'opère actuellement un pivotement d'une situation fermée vers une situation hybride ouverture/fermeture où tout reste à écrire (lire cet article sur le point d'équilibre).
Google Assurance
Entre les différentes tendances en cours (l'assureur utilise du numérique via un boitier pour mieux connaître les usages et proposer une offre PAYD, un nouvel acteur accède/produise les données liées aux comportements/usages pour amener les assureurs à faire évoluer leurs offres, un acteur majeur du numérique étend son activité à l'assurance), des hybridations et des alliances auront probablement lieu. En se plaçant sur le sujet de l'assurance, Google rend visible sa stratégie verticale : de l'intérieur du véhicule avec son OS ou le smartphone avec Map, Waze, ou Now, (lire cet article) vers des produits d'assurance et plus tard la voiture autonome (lire la MétaNote 20, la voiture autonome, la Chimère).
Et si l'utilisation de Waze ou le partage de la trace sur Google Now apportaient des réductions sur l'assurance ? Se basant sur les données contextualisées créées en mobilité, l'offre de Google en matière d'assurance risque d'être très différente. Que donneront ces évolutions des assurances sur les services de mobilités ?
La MAIF, comme la plupart des assureurs, questionne les évolutions des pratiques de mobilités et des nouveaux services comme l'autopartage, via des boitiers, notamment dans des projets comme AUDACE. L'assurance mutualise aujourd'hui des risques : une personne "un peu risquée" paye plus qu'une personne avec "peu de risque" mais elle paye moins que l'écart des risques. Le numérique révélant les pratiques et donc les risques, pourrait conduire à augmenter les écarts (voir par exemple Axa qui propose de réduire le tarif des bons conducteurs), à moins que s'inventent de nouvelles formes assurances ? et de réduire les marges ?
Et demain ?
Des offres d'assurance basées sur la prise en compte des pratiques, sur des gestions bienveillantes et transparentes des données, centrées sur la personne, rendant aux personnes les données les concernant, permettant simplement de nouvelles mobilités (lire la MétaNote 21 vers l'hypercitoyen) ... En même temps, les objets connectés "fixés au corps" comme les montres (lire cet article sur Android Wear), se présentent de plus en plus comme des traceurs de nos activités physiques et de notre santé (lire cet article sur le sujet). Les assurances santés proposent dès aujourd'hui des offres liant santé et mobilité. Vers des offres "Pay As You Move" ? Et si s'inventait également de nouvelles formes de troc de données ? (lire un article sur ce sujet).
S'appuyant sur de nouvelles (méta)données, de nouvelles interfaces, et de nouveaux liens avec les citoyens, les nouveaux Lloyd's vont bientôt vous inviter dans leur café. Espérons que ces assurances soient de nouveaux dispositifs pour accompagner le changement ?
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